Est-ce que le titre est suffisamment accrocheur pour toi ? J’ai voulu faire un test il y a quelques jours en vous demandant sur facebook de deviner ma prochaine destination. Outre les « dans ton c.. » inévitables dans ce genre de situation, j’ai eu droit à des destinations de malade comme le Cap Nord, le Maroc ou le Portugal… Perdu. Je suis parti dans le pire endroit du sud de la France pour faire de la moto : les Landes.
Après tout c’est normal maintenant de s’imaginer que chacun de mes roadtrip sera dans une destination lointaine ou exotique. Je vous ai mal habitué dernièrement et les réseaux sociaux ont complètement déformé notre regard sur le voyage. Aujourd’hui si tu pars pas à l’autre bout du monde en faisant 20 000km en 3 semaines t’as raté ta vie.
J’ai moi-même joué la carte de la surenchère à plusieurs reprises. Je plaide coupable d’avoir commis tous les crimes que je dénonce aujourd’hui.
L’idée à la base de mon mini-roadtrip à la (vraie) maison dans le sud ouest est toute simple. Au retour d’Inde en novembre dernier je me retrouve incapable d’enfourcher ma moto pour faire une petite balade toute simple autour de chez moi. Les 12 derniers mois ont été dingues en termes de moto entre l’Ecosse, l’Inde, les Alpes, mes premières vraies expériences en tout terrain… Comment retourner rouler en vallée de Chevreuse après ça ? Ces temps-ci quand je monte sur ma moto c’est pour aller bosser à Paris. Rien de plus.
C’est après Noël que me vient alors l’idée de remettre les choses à plat avec un petit passage dans les Landes. Ce département est l’enfer de tout motard avec ses grandes lignes droites qui plongent dans l’horizon et son absence totale de paysage. Si t’aimes pas les pins et le sable t’es vraiment dans la merde.
Ce n’est rien de moins que la mort du fun. Personne ne va en moto dans les Landes. Les plus courageux les traverse en apnée mais les plus sages les contournent. Mais il y a tout ce que je n’ai pas à Paris : des arbres, du vert, de l’air frais. Et j’en ai terriblement besoin.
Il y a aussi une chose qui m’énerve depuis très longtemps. Si t’as pas une moto à 15 000 balles beaucoup pensent que tu peux pas voyager. Tandis que ma spécialité c’est plutôt de rouler sur des tréteaux qui coûtent pas cher. Alors cette fois j’ai poussé le concept encore plus loin : prendre la route avec une moto déclarée cliniquement morte deux ans plus tôt à la suite d’un plongeon dans une rivière islandaise, après l’avoir remise sur pied avec 32 euros.
Avec un CV pareil il n’y a pas de place au doute : je parle bien évidemment du Versys 650 du Connard Motard Bionique. Adrian a décidé de me donner sa moto un soir où on était complètement ivre en Ecosse. Je n’ai évidemment pas attendu qu’il décuve pour lui faire signer l’acte de vente… J’en ai toujours un avec moi justement au cas où une situation pareille se présente.
Revenons-en à nos moutons. Pour être tout à fait honnête le titre de mon article est trompeur. Lors de cette balade de 48 heures je ne fais que traverser les Landes pour aller rouler au Pays Basque et je récidive au retour. Mais je prends mon temps pour passer par toutes les petites routes les plus rectilignes possible. Cette fois je ne demande pas grand chose. Du moment qu’il n’y a ni béton ni autoroute je suis aux anges.
Seul problème, si je veux malgré tout faire quelques photos sympa je suis obligé de tricher en m’engageant dans un des rares chemins qui s’enfonce dans les bois. Déjà que je vous raconte un roadtrip soporifique sur une des destinations moto les moins sexy de France je peux pas non plus vous ramener des photos de lignes droites.
Quoi que…
Même si je ne perds pas mon portable comme lui, j’ai la preuve que la moto d’Adrian porte bel et bien la poisse : je tombe en panne au beau milieu de nulle part. Il ne s’agit que d’une cosse de batterie déserrée et le plus long dans ce genre de réparation est de sortir le tournevis du sac… Je ne sais donc pas si ça compte alors je laisserai le jury délibérer sur cette panne.
Sur le retour en passant vers le bassin d’Arcachon, je réussis à me perdre. Apparemment même avec des grandes lignes droites c’est possible. J’atterris dans des exploitations forestières où je n’ai absolument pas le droit de me trouver si j’en crois les panneaux. La route est défoncée et le bitume se fait de plus en plus rare jusqu’à ce qu’il n’y ait presque plus que du sable, de la boue, et des ornières aussi hautes que la moto. Alors que je passe à côté d’épaves de bateaux posées sur le bord du chemin je me dis que ça commence vraiment à devenir n’importe quoi… Il faut vraiment être con pour ne pas faire demi-tour… Ai-je alors besoin de préciser que j’ai continué ?
Loin de moi l’idée de te faire croire que j’ai fait un Paris-Dakar dans les Landes mais après ces 10 petites kilomètres de n’importe quoi je réalise quelque chose de capital : j’ai atteint mon but. En partant rouler dans un endroit réputé pour être sans intérêt à moto je réussis malgré tout à me ressourcer, à prendre un grand bol d’air frais et à me faire quelques nouveaux souvenirs bien sympa.
Une fois de plus cette réalité se rappelle à moi. J’essaierai toujours de partir le plus loin possible aussi souvent que je le pourrai, mais je dois garder en tête que le voyage peut te surprendre au détour de n’importe quelle route.
3 Responses
Merci pour l’article !
Merci à toi 🙂
Sympa et bien écrit . ??